RIEN NE VA PLUS by KENNEDY DOUGLAS

Auteur:KENNEDY DOUGLAS
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782714449870.epub
Éditeur: Belfond
Publié: 2010-07-14T16:00:00+00:00

* * *

1. Emily Dickinson, Une âme en incandescence, poèmes traduits et présentés par Claire Malroux, José Corti, 1998.

II

1

Les ennuis ont commencé par un coup de fil. Matinal, très : à six heures quarante-huit, le mercredi suivant la cérémonie des Emmy. Sally était déjà partie pour l’un de ses fréquents petits déjeuners stratégiques avec Stu Barker. Quant à moi, j’étais encore loin au pays des songes quand le téléphone s’est mis à hululer. Ma première idée, bien que confuse, m’est restée en mémoire : je me suis dit qu’un appel à une heure pareille n’est jamais porteur de bonnes nouvelles.

C’était Brad Bruce, mon producteur. Comme tous les gens de sa partie, il est sans cesse sous pression, Brad, mais dès le début j’ai compris qu’il y avait plus de tension dans l’air que d’habitude.

— Désolé de te réveiller, David, mais on a un problème.

Je me suis redressé d’un coup dans le lit.

— Quel genre de problème, Brad ?

— Tu connais ce canard, Hollywood Legit ?

Oui. Un magazine alternatif qui avait fait son apparition quelques mois plus tôt et se posait en rival du L.A. Reader en privilégiant les enquêtes agressives ainsi qu’une dénonciation au vitriol du petit monde prétentieux et surpayé de Hollywood.

— Pourquoi, ils s’en prennent à la série ?

— Non, ils s’en prennent à toi, David.

— Moi ? Un simple scénariste ?

— Un scénariste très lancé, oui. Ce qui te convertit en cible idéale.

— Ils m’accusent de quelque chose ?

— Oui.

— De quoi ?

Je l’ai entendu prendre sa respiration. La réponse est venue, d’une terrible brièveté :

— De plagiat.

— De quoi ?

— Tu es accusé de plagiat, David.

— C’est insensé !

— Je suis heureux de l’entendre.

— Je ne suis pas un plagiaire, Brad.

— Je n’en doute pas, mais…

— Alors dans ce cas, pourquoi on me reproche ça ?

— Parce que ce fouille-merde, là, ce Theo MacAnna, a écrit quelque chose sur toi dans sa chronique hebdomadaire et que le journal sort demain matin.

Je connaissais la colonne de Theo MacAnna, très judicieusement intitulée « Linge sale », et qui consistait, chaque semaine, à monter en épingle de scandaleuses accusations contre des professionnels du show-biz. J’avoue que je prenais toujours un plaisir malsain à la lire, parce que nous aimons tous les ragots. Jusqu’au moment où nous en devenons nous-mêmes les victimes.

— Je ne suis pas là-dedans, quand même ?

— Si. Tu veux que je te lise le passage qui te concerne ? C’est assez long.

— Eh bien… Vas-y.

— D’accord : « Couronnes de laurier et bouches en cœur pour le tout juste primé David Armitage, scénariste de la série Vous êtes à vendre !, laquelle, il faut le reconnaître, s’est encore améliorée depuis la première saison… »

— « Il faut le reconnaître »… Quel roquet !

— La suite est pire, je te préviens : « Armitage, c’est un fait, se révèle l’une des grandes découvertes de ces dernières années. Il a l’œil, et il tient la distance. Semaine après semaine, ses personnages franchement déjantés alignent sans effort les reparties cocasses et les bons mots.

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